SAID MOHAMED CHEIKH DANS L’HISTOIRE DES COMORES

 

Damir Ben Ali

 

Saïd Mohamed Cheikh est né en 1904 à Mitsamihuli où il a fréquenté l’école coranique ou payalashio. C’était une institution communautaire qui ne fonctionnait pas dans une perspective d’assimilation à une culture étrangère. Elle puisait dans son environnement naturel, social et dans les préoccupations prioritaires des parents, les connaissances qu’elle transmettait à ses élèves. Il maintenait le lien entre ce qu’il enseignait aux enfants et le vécu de leurs parents au champ, à la mer, à la maison, sur la place du village et à la mosquée.  Il comportait deux cycles. Le premier cycle était celui des activités ludiques, sociales et manuelles pour développement de la psychomotricité, la mémoire, la pensée, le raisonnement. L’enseignement du deuxième cycle assurait la conservation du patrimoine religieux de la communauté et la reproduction sociale des familles de dirigeants religieux ou ulamas (sing ‘alim). En 1913, l’administration coloniale avait ouvert des écoles françaises pour les enfants des chefs indigènes. Trois à la Grande Comore, deux à Anjouan, deux à Mayotte et un peu plus tard une à Mohéli.

 

Le décret du 23 février 1914, pris en application de la loi d’annexion du 25 juillet 1912, organisait l’administration de la colonie rattachée à Madagascar. Présents aux Comores depuis les traités de protectorat de 1886, les Résidents de France avaient reconnu la fonctionnalité et l’efficacité des institutions villageoises de Ngazidja. Aucune organisation municipale ne fut mise en place. Les chefs de villages désignés selon les modalités traditionnelles assumaient de fonctions de police et d’assistaient les chef de canton pour l’établissement de l’état civil et la collecte de l’impôt de capitation.

 

La base territoriale de circonscriptions inférieures fut définie par référence explicite aux traditions. Les sultanats secondaires à Ngazidja et les anciennes chefferies dans les trois autres îles furent érigés en cantons. Le chef du canton était nommé par le Gouverneur général de Madagascar sur proposition du chef de subdivision ; il était assisté d’un Conseil des anciens issu des grands lignages des villages qui composaient le canton, comme les « marandrazi » (conseillers) du temps des sultanats.

 

La justice indigène était exercée par les cadis. Leur statut était régi par un texte qui datait de l’époque du protectorat signé par les sultans en 1886 puis les décrets du 29 mars 1934 et du 1er juillet 1939 déclarèrent le « Minhadj al Talibin[1]», seul code officiel des Comores.

[1] Traité de jurisprudence musulmane chafiite de Imam Mohy-d-dine Abou Zakaria an NAWAWI 1233-1278.

 

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