L’assainissement de Moroni est-elle une mission impossible ?

 

Une brève incursion dans l’histoire nous fera peut-être oublier ces cris de haine auxquels ce forum ne nous a pas habitués. Inaugurant la 1re mosquée de vendredi de Moroni, Hatubu Burahim a écrit sur la plaque de fondation incluse dans le mur intérieur derrière le mimbar, cette date, 13 rabi’il ahkir 830 de l’hégire (11févier 1427) et a donné à l’édifice ce nom : « La mosquée des gens des Comores ». Une partie de ces informations est copiée sur le mimbar. En effet, aucun de ces habitants bâtisseurs n’était natif de Moroni. Hatubu Burahim et sa famille, les fondeurs de la ville étaient nés à Fumbudzivuni dans le Dimani. Le reste de la population était venue de toutes les régions de l’archipel pour suivre l’enseignement de Hatwibu Burahim. Le terroir était, à l’époque, boisé, fertile et pourvu d’un cours d’eau quasi permanent appelé Ironi qui a donné le nom de Mroni. Tout étudiant pouvait choisir l’emplacement qui lui convenait pour habiter, et cultiver pour se nourrir. Puis, il allait se marier, souvent dans son village d’origine, et revenait s’y installer avec sa famille.

 

La tradition demeure dans le domaine social alors que l’on connait de régions dans l’archipel où le migrant reste mdjeni (étranger) au-delà de la troisième ou quatrième génération. Cette situation est inconnue à Moroni ou de nombreux natifs d’autres régions ont exercé les fonctions de maire. Car de 1962 à 1975, Moroni et Mutsamudu élisaient des conseillers municipaux et les maires étaient nommés par le gouvernement territorial.

 

À Ngazidja, avant Volovolo, la vente au marché et tout le commerce informel était l’activité des femmes. Au cours des premières années du Grand marché Volovolo, des vendeurs Comoriens nés à Madagascar (Sabena) s’étaient mêlés aux femmes. Ils sont rejoints par des migrants tanzaniens et des malgaches de deux sexes. Des jeunes des régions rurales de Ndzuani ont introduit le système des brouettes. Puis l’inaction des services officiels du commerce a attiré des déscolarisés d’abord de Ngazidja puis de Mwali dans ce secteur où l’on peut écouler des produits manufacturés importés d’une valeur de plusieurs millions sans payer ni patente, ni impôt ni location du lieu de vente. Les marchandises ne sont soumises à aucun contrôle. Tout s’y vend librement. Dès lors, les malades mentaux victimes de la consommation des drogues ne sont pas, comme autrefois, des garçons. Le nombre des filles tend à rattraper celui des garçons.

 

La façade maritime de la ville et les artères qui relient Volovolo au vieux marché et à au marché Doubaï sont quotidiennement des dépotoirs. Les abris de fortune qui occupent les trottoirs obligent les piétons à circuler sur la chaussée avec les automobiles. Les cimetières qui jouxtent ces rues rappellent toujours qu’il n’existe pas de toilettes publiques dans la ville. L’évacuation des ordures « des gens des Comores » se heurte à l’opposition de tous. La mairie paie un million cinq cent mille francs par mois à un comité des villages pour être autorisée à déposer les ordures dans une décharge située sur le domaine de l’État. Même le passage des véhicules de ramassage de ces ordures « des gens des Comores » sur la route qui traverse les villages fait l’objet des protestations véhémentes.

 

Est-ce un crime de dire que les critères de gestion l’espace public à Moroni ne peuvent plus être ceux des contemporains de Hatwibu Burahim, il y a six siècles ? Les maires successifs de ont fait la sourde oreille face aux propos désobligeants de certains élus du peuple qui ne se considèrent que comme représentants et protecteurs des marchands des rues et des chefs des communautés des villages voisins qui n’admettent pas que le poids démographique de la ville et ses fonctions économiques et politiques créent des obligations et des droits différents de ceux des autres collectivités. Lorsque le statut de la capitale fut déposé par le gouvernement sur le bureau de l’assemblée de l’Union, un membre éminent du parti du président qui a introduit dans la constitution la clause du statut particulier de la capitale s’est opposé à son inscription à l’ordre du jour durant toute la législature précédente.

 

Pour résoudre cet imbroglio aussi politico-administratif qui dégrade l’image de notre pays, constitue une menace pour la santé publique et pour l’avenir de notre jeunesse issue de tous les milieux géographiques du pays, les grandes plumes de notre littérature politique ont trouvé une solution radicale, LA SOLUTION, intelligente et efficace : l’appel à la démission du maire de Moroni.

 

Damir Ben Ali

 

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